La première lettre économique
consacrée aux actualités du commerce de détail en Russie : mode,
habillement, chaussures et accessoires, luxe, parfums et cosmétiques,
articles pour enfants, sportswear, téléphonie mobile et plus
généralement tous les biens de consommation non-alimentaire. Nous
traitons de l'actualité de tous circuits de vente sur le marché russe :
grands magasins, centres commerciaux et galeries marchandes, grande
distribution, chaines succursalistes ou franchises, magasins
indépendants, e-commerce. Nous analysons les indices de consommation,
les tendances du marché bancaire, de l'immobilier commercial et des
ressources humaines, les évolutions des règlementations douanière et
sociale, la lutte contre la contrefaçon.
Le Fil Franco-Russe est un outil de veille marketing et concurrentielle
pour les entreprises françaises intéressées par le marché russe.
L’Alliance
Renault-Nissan paye un prix élevé pour ses efforts de modernisation de
la filiale russe, victime des décennies d’incurie et de corruption.
Entre l’actionnaire occidental majoritaire et l’actionnaire publique
russe, il y a de l'eau dans le gaz à tous les étages.
DR
Avtovaz, la filiale russe de
l’Alliance Renault-Nissan est à nouveau soumise à l’épreuve de la crise.
L’entreprise a annoncé des pertes de près de 1,2 milliard d’euros en
2015 pour un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros. Cette chute
vertigineuse a provoqué mécaniquement des pertes de 620 millions d’euros
dans les comptes de Renault-Nissan qui détient la moitié du capital de
ce constructeur automobile. L’Etat russe contrôle un quart du capital à
travers la holding publique Rosstech, le reste est sur le marché.
Renault-Nissan vient d’annoncer la nomination de Nicolas Maure au poste
de PDG d’Avtovaz, à partir du 4 avril. Ce cadre est passé par Valeo et
Faurecia avant d’arriver dans le groupe Renault où il dirigeait
l’Automobile Dacia, la filiale industrielle du constructeur en Roumanie.
Les véhicules fabriqués dans cette usine sont vendus en Europe sous la
marque Dacia, mais ailleurs dans le monde ils portent le losange de
Renault.
La nomination de Nicolas Maure signifie aussi le départ précipité de Bo
Andersson du poste de PDG. Le parcours de ce cadre expatrié est
emblématique des difficultés de cohabitation entre l’actionnaire
occidental majoritaire et l’actionnaire historique russe. Passé par Saab
et par le russe GAZ, recruté par Carlos Ghosn pour Avtovaz en 2014, Bo
Andersson n’est pourtant pas responsable de la baisse de l’ensemble
du marché automobile russe. Ses résultats ont assez bien collé à
l’ensemble du marché. Le marché automobile russe a perdu 45,6% des
ventes entre 2012 et 2015, Avtovaz a perdu 50% des ventes sur la même
période. Un léger décalage est du au fait que la crise actuelle a frappé
durement les classes moyennes basses, les principaux consommateurs des
Lada, tout en épargnant les classes aisées qui achètent des marques
occidentales.
Ex-leader du marché automobile russe avec plus de 40% des ventes au
début des années 2000, Avtovaz n’était plus qu’à 22% en 2011. Avec 269
000 véhicules vendus en 2015 sur un marché qui totalisait 1,6 million
d’unités, le constructeur russe ne détenait plus que 16,8% du marché
national l’an dernier. Le développement des ventes des constructeurs
occidentaux en Russie a privé l’entreprise de sa position dominante.
La direction dégraissée sans ménagement
Bo Andersson s’est efforcé à adapter les effectifs pléthoriques de
l’entreprise aux nouvelles réalités du marché. De 77 000 salariés en
2014 Avtovaz est passé à 50 000 salariés au 4ème trimestre 2015, et
enfin à 44 000 au 1er trimestre 2016. Sa politique visait surtout la
réduction du nombre des cadres de direction, et des différents avantages
accordés à ceux-là. Il a fait supprimer le parc des véhicules de luxe
réservés à la direction : des Infinity, des Nissan Patrol… aucun cadre
de direction d’Avtovaz ne roulait en Lada. L’ingérence du PDG dans les
ressources humaines a irrité l’actionnaire public russe qui a l’habitude
d’y placer ses protégés.
Dès les premiers jours chez Avtovaz, Bo Andersson a essayé d’y imposer
une culture industrielle moderne. Parcourant les ateliers, il ramassait
lui-même les déchets éparpillés le long de la chaine d’assemblage et les
portait à la benne. Cela a déplu aux cadres russes qui l’accompagnaient
et qui se sont sentis visés, non sans raison. Le PDG a aussi visité les
toilettes pour hommes près de la chaine d’assemblage. C’était parait-il
la première fois des 50 ans d'histoire d’Avtovaz que son dirigeant
visitait les sanitaires des ouvriers. Il en est sorti en courant et en
se bouchant le nez, avant d’ordonner le curage de tous les lieux
d’aisance de l’usine. Cela aussi a déplu. Mais pour qui se prend ce
Zorro ? Pour améliorer la qualité Bo Andersson a renforcé la discipline,
il a notamment introduit des contrôles aléatoires d’alcoolémie dans les
ateliers. Cela lui a valu une haine sincère de la part des ouvriers.
Les fournisseurs locaux mis en concurrence
Autre point de rupture, l’amélioration de la qualité des
approvisionnements. Sur ordre de Bo Andersson les équipementiers locaux,
fournisseurs historiques d’Avtovaz étaient promptement remerciés en cas
de non-respect de la qualité et des délais, leurs maux chroniques. Et
les nouveaux appels d’offres souvent remportés par des équipementiers
internationaux qui ont installé leurs usines en Russie. « Andersson a
choisi la voie de facilité en optant pour les équipementiers
occidentaux. Il aurait du améliorer la qualité de ses relations avec nos
fournisseurs nationaux », se plaint Serguei Chemezov, le parton de
Rosstech, l’actionnaire public d’Avtovaz. La suggestion est limpide : la
corruption de la direction russe par les fournisseurs locaux est
endémique chez Avtovaz depuis plusieurs décennies. «
Traditionnellement l’équipementier qui voulait fournir ses produits sur
les chaines d’assemblage d’Avtovaz, devait passer par un circuit
complexe de corruption à différents niveaux. Andersson a réussi à casser
ce circuit », témoigne Alexander Kovriguine, expert du cabinet russe
ASM Holding spécialisé sur l’industrie automobile. La perte d’un marché
aux conditions avantageuses obtenues par la corruption s’avère souvent
fatale pour les équipementiers locaux.
Dernier en date, le cas de l’équipementier AvtoVazAgregat, l’un des
principaux fournisseurs d’Avtovaz par le passé mais écarté en 2015.
Victor Kozlov et Pavel Tikhomirov, respectivement DG et DG adjoint d’AvtoVazAgregat
viennent d’être traduits au pénal pour « malversations », « faillite
frauduleuse » et d’autres exploits. Ils ont eu de la chance de se
retrouver à l’abri en prison. Boris Selivanov, le DG précédent d’AvtoVazAgregat
a été assassiné près de son bureau. La mort violente a toujours fait
partie du quotidien des équipementiers de Togliatti, la ville d’Avtovaz.
Et la mafia locale fait partie de l’équation économique dès qu’on parle
du constructeur automobile, depuis la naissance de l’usine. L’actionnaire public du constructeur automobile a développé
un pacte de non-agression avec le « milieu » au fil des décennies. En
appliquant les méthodes de gestion d’entreprise à l’occidentale, Bo
Andersson a marché sur les pieds de pas mal de monde à Togliatti et à
Moscou.
La qualité a augmenté, les coûts aussi
Certaines réformes de Bo Andersson ont provoqué des dommages
collatéraux. Sous la pression de ce PDG hyperactif, le nombre de défauts
des voitures à la sortie des chaines d’assemblage d’Avtovaz a baissé de
près de 40%. Une amélioration exceptionnelle selon les standards du
monde industriel où l’on se bat pour des dixièmes de pour-cent. En
faisant appel aux équipementiers occidentaux Andersson a augmenté la
qualité des voitures Lada selon les souhaits de Renault-Nissan. Mais
cette qualité a un coût et le prix de vente des véhicules a fait un
bond. Adieu les anciennes Lada mal fagotées vendues pour moins de 3 000
d’euros, qui ont fait le succès populaire de la marque. Le modèle Lada
Vesta lancé en 2015 coûte plus de 6 000 euros en version de base.
L’équivalent du premier prix chez les constructeurs coréens. Le
changement devient visible sur les parkings de l’usine, les Lada n’y sont plus
omniprésentes. Le personnel des chaines d’assemblage, ces ouvriers avec
des salaires peu élevés, considérés comme cœur de cible d’Avtovaz, préfèrent
désormais acheter des Kia et des Hyundai qu'ils jugent plus performantes et de
meilleure qualité que les Lada. Avtovaz se retrouve hors sol,
concurrencé sur les prix par des compétiteurs situés plus haut que lui.
Les actionnaires s’empoignent déjà sur les orientations pour
l’entreprise en cette période de crise. Carlos Ghosn a exprimé son point
de vue dans une interview accordée à la presse russe, où il défend la
politique sociale de Bo Andersson : « Sur un marché qui a chuté de
50%, espérer garder tout le personnel signifie la faillite ! On pouvait
se le permettre quand le marché baissait de 5% seulement... Ce sera
difficile de continuer si l’on ne s’adapte pas. Oui, il y aura des
problèmes sur le plan social. Mais la situation en Russie est
catastrophique. On ne peut pas prévoir quand elle se redressera. Quand
le pétrole était à 100 dollars le baril, personne ne pouvait prévoir
qu’il tomberait à 40 dollars deux ans plus tard. Aujourd’hui nous ne
pouvons pas prévoir le redressement, nous devons nous adapter à la
situation pour garder l’avantage concurrentiel ». Carlos Ghosn a
laissé entendre que Nicolas Maure, successeur de Bo Andersson, aura
pour mission de continuer le travail entamé par celui-ci, peut-être en
arrondissant les angles.
Pas d'accord sur les orientations
futures
Ce n’est pas l’orientation privilégiée par l’actionnaire public russe.
Celui-ci aimerait que l’entreprise conserve son personnel même en temps
de crise pour éviter les tensions sociales. La ville de Togliatti
ne vit que pour et par l’usine Avtovaz et ses fournisseurs locaux.
Aujourd’hui certains ateliers de l’usine sont périodiquement à l'arrêt pour
éviter la surproduction sur fond de baisse des ventes. Leurs ouvriers
sont envoyés travailler sur des chantiers d’aménagement urbain à
Togliatti, au profit de la municipalité. Leur salaire est toujours versé
par l’entreprise. Rosstech aimerait aussi que le nouveau PDG renoue les liens
avec les équipementiers locaux écartés. Et il y a la question des pertes. Les années précédentes c’était l’actionnaire
public qui effaçait l’ardoise, toujours avec cette volonté de préserver
la paix sociale. Aujourd’hui l’Etat russe est à court d’argent, on
laisse entendre à Moscou que ce serait à l’actionnaire principal de
mettre la main au portefeuille. Renault-Nissan va-t-il financer la
politique sociale des administrations russes, entre autres ? Les
actionnaires se regardent en chiens de faïence.
Carlos Ghosn veut rester optimiste malgré le climat morose de Togliatti
: « Avtovaz perd de l’argent, mais la moitié de cette perte est
composée de la dépréciation des actifs suite à la dépréciation du
rouble. Je crois au marché russe, nous travaillons ici avec un objectif
calculé sur trente ans ! » On a appris mi-avril que les deux
dirigeants de la structure actionnaire, Carlos Ghosn et Serguei Chemezov
ont quitté le Conseil d’administration d’Avtovaz. Ils y ont été
remplacés par leurs adjoints respectifs. D’autres membres du Conseil
d’administration ont aussi été remplacés. Comme s’il s’agissait
d’injecter du sang neuf pour rechercher les sorties de la crise
actuelle.
Transporteurs polonais et ukrainiens interdits de
passage par le Kremlin
La Russie est entrée en conflit
avec deux de ses voisins, la Pologne et l’Ukraine, sur la question du
transport routier. L’administration russe a décidé de ne pas renouveler
les autorisations délivrées aux transporteurs polonais d’opérer sur le
territoire national. Les transporteurs routiers polonais sont souvent
sollicités par les fournisseurs européens pour effectuer des transports
à partir de l’espace européen vers la Russie ou en transitant par la
Russie. Les opérations des transporteurs polonais à travers la Russie
sont gérées par un accord de réciprocité signé en 1996, qui offre les
mêmes droits et les mêmes quotas de passage aux transporteurs russes. «
L’espace européen n’existait pas en 1996 quand l’accord avait été signé,
alors l’accord ne peut pas s’appliquer aux marchandises en provenance
des pays tiers », avance aujourd’hui l’administration russe. Elle refuse
de prendre en compte la dimension de l’UE et reconnait aux transporteurs
polonais le seul droit de transporter les marchandises fabriquées en
Pologne par les entreprises polonaises et à l’exception de celles
produites en Pologne pas les filiales des sociétés étrangères.
Cette approche n’a pas convaincu le gouvernement polonais qui a observé
que la Russie voulait interdire les opérations à travers son territoire
à 70% des transporteurs polonais, tout en exigeant le maintien de
l’ensemble des opérations des transporteurs russes à travers la Pologne.
Les pressions russes n’ont pas atteint leur objectif et l’accord
régissant les transports frontaliers entre la Russie et la Pologne est
arrivé à l’expiration le 15 février sans avoir été prolongé. Les
pourparlers n’ont pas abouti, l’administration russe campant sur ses
positions visiblement décidées en haut lieu.
Devant la frontière fermée, les transporteurs russes en partance pour
l’Europe se sont rabattus sur la frontière ukrainienne. C’était sans
compter avec la guerre menée par la Russie contre son voisin. Depuis le
12 février, les mouvements de citoyens dans plusieurs régions de
l’Ukraine stoppent et interpellent les transporteurs russes en transit
pour leur exprimer leur colère concernant l’attaque russe contre leur
pays. Né dans les régions de Volyn et de Lviv dans l’ouest de l’Ukraine,
le mouvement s’est étendu aux autres régions de transit, notamment à
Odessa, visant les camions russes à destination de la Roumanie et des
pays du bassin méditerranéen. Ces interpellations ont provoqué l’ire du
Kremlin. Plutôt que rechercher des solutions avec le gouvernement
ukrainien, l’administration russe a réagi de sa manière préférée en
interdisant le territoire russe à l’ensemble des transporteurs
ukrainiens, pourtant pas partie prenante de ces mouvements, à partir du
14 février. Face à la fermeture de la frontière russe, le gouvernement
ukrainien a décidé d’appliquer de manière provisoire une mesure
similaire aux transporteurs russes à partir du 15 février, histoire
d’équilibrer les rapports de voisinage.
Le Kremlin a réagi en menaçant de fermer son territoire à tous les
véhicules immatriculés en Ukraine, ce qui comprendrait aussi les
voitures des particuliers. Près de 300 camions ukrainiens sont
aujourd’hui bloqués en Russie et 350 autres sont à l’arrêt dans les pays
de l’Asie Centrale, sans possibilité de rentrer chez eux à travers la
Russie. Environ 500 camions russes attendent à la frontière ouest de
l’Ukraine dans l’espoir de pouvoir transiter par ce pays pour rentrer
chez eux. Les parties se sont juste entendues sur une ouverture
provisoire des frontières entre le 16 et le 25 février afin de rapatrier
leurs camionneurs pris au piège, mais aucun accord n’est en vue pour la
suite. L’ambiance n’est pas près de l’apaisement.
Le blocage des frontières à la fois avec la Pologne et avec l’Ukraine a
laissé aux transporteurs russes, impliqués malgré eux dans ce conflit,
la seule échappée par la Lituanie et ensuite le ferry jusqu’à
l’Allemagne. La file d’attente des camions près du port de Klaïpeda en
Lituanie s’étend sur plusieurs kilomètres, mais seuls quelques camions
quittent le port chaque jour, faute de capacités de transport
disponibles. Les chauffeurs interrogés par la presse font état d’un
temps d’attente supérieur à une semaine.
Le nouveau conflit routier à la frontière russe ne pénalise pas les
transporteurs des pays tiers pour l’instant. Les entreprises de
transport biélorusses y voient même une aubaine, elles proposent aux
exportateurs russes de réaliser le transbordement sur le territoire de
leur pays pour pouvoir acheminer les marchandises en Europe et vice
versa. Beaucoup plus au nord le couloir de transit par la Finlande reste
ouvert, mais il est plus long et plus cher. 18.02.16
La destruction des commerces autour des stations de
métro a Moscou provoque la colère des entrepreneurs
La mairie de Moscou a lancé une
grande opération de destruction des magasins situés à proximité des
stations de métro, dans la nuit du 9 février. Elle visait 104 magasins
de proximité isolés et galeries marchandes. Les espaces abritaient des
cafés, des boulangeries, des fleuristes, des boutiques de parfums ou de
lingerie, des kiosques de téléphonie mobile etc. Serguei Sobianine, le
maire de Moscou a décidé de récupérer les surfaces occupées au profit de
la Ville, arguant que certains ont été érigés sans permis de construire
dans les années 90 et « légalisés » seulement par la suite.
Les bailleurs concernés ont eu beau gagner tous les procès en justice,
les tribunaux confirmant leur droit à l’occupation du sol et la pleine
légalité de l’exercice avec les autorisations requises, obtenues à
posteriori. En vertu d’une modification législative adoptée en septembre
2015 le maire de Moscou a ordonné la destruction des points de vente
sans contrepartie pour les bailleurs ni pour les commerçants locataires.
Gérée de manière militaire, l’opération a été lancée après minuit et
avec une forte présence des forces de l’ordre. Certains objectifs se
sont montrés plus coriaces que d’autres. Comme sur la vidéo tournée
devant le métro Kropotkinskaya dans le centre de Moscou, qui montre la
destruction d’un magasin dont le propriétaire avait gagné l’ensemble de
ses procès – 32 en tout – contre la Ville pour le droit d’exercer dans
son local. Excédé par l’arbitraire, ce gérant s’est enfermé dans le
point de vente avec son équipe. Cela n’a pas empêché l’équipe de
démolition de commencer à raser le magasin, malgré les protestations des
passants. Le bâtiment mitoyen de celui sur la vidéo, démoli lui aussi
dans la nuit, abritait un point de vente du fleuriste français Au nom de
la rose, une franchise développée en Russie par un homme d’affaires
français.
Parmi les espaces les plus importants voués à la destruction, la galerie
marchande Pyramida située rue Tverskaya dans le centre de la capitale.
Cette galerie de près de 1 550 m² de surface de vente abritait deux
magasins de parfums et cosmétiques, L’Etoile et Rive Gauche, nous lui
avons consacré un article dans le Fil Franco-Russe N°134. Aux dernières
nouvelles la galerie Pyramida fermera ses portes vers le 16 février et
sera rasée quelques jours plus tard.
Mardi matin, la presse russe publiait les photos des approches de
certaines stations de métro ressemblant à une ville bombardée. Il y a eu
des arrestations de commerçants lors de ces démolitions nocturnes mais
heureusement aucun décès n’est à déplorer. Le syndicat des entrepreneurs
indépendants Opora Rossii réalisait un inventaire des dégâts et faisait
le tour des propriétaires lésés afin d’intenter une action en justice.
Jusque là aucune action de ce type n’avait été entreprise, ce sera une
première. Les experts locaux notent que ces galeries marchandes ont été
construites sous le règne du maire précédent, Yuri Loujkov, démis de ses
fonctions en 2010. Serguei Sobianine compte aujourd’hui faire table rase
pour pouvoir imposer ses propres règles. 10.02.16
Le rouble glisse, le gouvernement russe durcit les
règles de change
La Russie vient de faire un pas
vers la restauration du contrôle des changes. Les règles pour le change
des devises par des particuliers ont été modifiées à partir de fin
décembre 2015. Désormais pour toute opération supérieure à 15 000
roubles, soit un peu moins de 200 euros, le requérant devra remplir des
formulaires en justifiant sa demande, en plus de la présentation des
papiers d’identité.
La mesure intervient dans le contexte du nouveau flottement du rouble,
son taux de change avait dépassé à plusieurs reprises les 80 roubles
pour un euro au Forex fin décembre. Soit une perte de près de 14% sur
les six dernières semaines. La devise nationale est restée très
fluctuante tout au long de l’année 2015, elle avait récupéré un peu de
vigueur à la fin du printemps mais depuis le rouble ne cesse de glisser,
perdant près de 34% de sa valeur par rapport à l’euro sur les huit
derniers mois.
Les analystes locaux notent que le durcissement des règles pour les
particuliers permettra à l’Etat de limiter à l’avenir les volumes des
devises échangés et amortir une nouvelle dépréciation de la devise
nationale. Le gouvernement est hanté par le souvenir de l’accident
monétaire de décembre 2014, quand le rouble s’était écroulé à plus de
100 roubles pour un euro. Pourtant, le plus souvent ce sont les grandes
entreprises russes qui déstabilisent le marché avec des achats massifs
de devises pour assurer leurs opérations futures, comme c’était le cas
en 2014. Le rouble n’est pas à l’abri de nouvelles perturbations.
30.12.15
Avec une perte de près de 13% au
taux de change la devise russe faiblit subitement, sensible aux
gesticulations militaires. Après un écroulement en décembre dernier, le
rouble se renforçait depuis cinq mois, en parallèle avec une accalmie de
l’Ukraine. La convalescence a été interrompue début juin quand l’armée
russe et ses milices ont tenté une offensive dans l’Est en Ukraine. Le
rouble a réagi en chutant au taux de change à 63 roubles pour un euro
contre 55 roubles quelques jours plus tôt. Les marchés financiers
craignent de nouvelles sanctions en cas d’escalade militaire. Le G7 qui
vient de se terminer, n’a pas écarté cette possibilité.
La nouvelle faiblesse du rouble devrait profiter aux producteurs
nationaux. Mais elle risque de compliquer la vie des marques
occidentales et de leurs importateurs locaux contraints à abandonner une
partie de leur marge en cas de dépréciation du rouble.
8.06.15
La « liste noire » du Kremlin provoque des réactions en
France mais peu d’écho en Russie
Après la publication de la liste
des 89 personnalités européennes interdites d’entrée en Russie, les
réactions se multiplient. Bruno Le Roux, président du groupe socialiste
à l'Assemblée, Henri Malosse, président du Comité économique et social
européen, Bernard-Henri Lévy et Daniel Cohn-Bendit sont les quatre
Français sur la liste. C’est « un signe alarmant de la dégradation des
libertés », selon Henri Malosse. « Une sorte de fuite en avant d'un
régime perdu par son propre autoritarisme », ajoute Bernard-Henri Lévy.
« Ca aurait été vraiment triste que Poutine me considère comme son ami»,
s’amuse Daniel Cohn-Bendit.
Le cas de Bruno Le Roux semble à part. Plusieurs personnalités
européennes se sont retrouvées sur la « liste noire » pour leur
opposition publique à l’agression russe contre l’Ukraine. Or le
président du groupe socialiste n’est pas concerné par les affaires
internationales, ni impliqué dans le soutien à l’Ukraine. « Je suis sur
cette liste comme président d'un groupe politique... qui a toujours
soutenu depuis maintenant plusieurs mois la position de médiation de la
France dans le conflit avec l'Ukraine », s’étonne l’intéressé. Et avance
une explication différente.
« Je suis sur cette liste au moment où nous avons déposé à l'Assemblée
une commission d'enquête sur les liens financiers entre le Front
national en France et la Russie, puisque Mme Le Pen a été obtenir de
l'argent pour financer ses campagnes en Russie, que la liste est
dévoilée après qu'elle a été reçue, avec beaucoup de faste d'ailleurs,
au Kremlin il y a quelques jours », constatait Bruno Le Roux dans les
colonnes du Figaro. Le FN a bénéficié d’un financement proche de 9
millions d’euros délivré à travers la banque russe FCRB en automne
dernier. La présidente du FN a été reçue par Serguei Naryshkine,
président de la Douma russe, le 26 mai dernier.
Faut-il comprendre que l’inscription de Bruno Le Roux sur la « liste
noire » du Kremlin s’apparente à une tentative d’intimidation envers un
homme politique français coupable de s’intéresser de trop près au
financement d’un parti politique français par l’argent venu de Moscou ?
La méthode ressemble à celles pratiquées par le KGB, la « maison-mère »
du président russe actuel. Mais il s’agit sans doute d’une simple
coïncidence.
Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale a menacé d’annuler
une visite parlementaire prévue mi-juin à Moscou si Bruno Le Roux se
voyait refuser l’entrée en Russie. « Monsieur Poutine ne peut laisser
des banquiers financer l'extrême droite en France et tenter d'intimider
des démocrates », ajoutait Jean-Christophe Cambadélis, le premier
secrétaire du PS.
La publication de cette liste de personnalités interdites d’entrée n’a
provoqué que peu de réactions en Russie. Notamment parce que le Kremlin
a refusé de communiquer la liste à ses propres concitoyens. Dimitry
Gudkov, le seul députe de la Douma russe qui a osé demander que la liste
soit rendue publique, s’était fait rappelé à l’ordre. Le ministère des
Affaires étrangères russe lui a demandé sèchement de diriger ses
critiques plutôt contre les auteurs des sanctions européennes.
« Certaines personnalités présentes sur la liste ont été très actives
dans la recherche des solutions pour sortir du conflit actuel en bonne
coopération avec la Russie. Mais les mesures d’interdiction à leur égard
risquent de provoquer un durcissement de leur position envers nous »,
déplore Sergueï Outkine, directeur du département au Centre d’analyse de
l’Académie des sciences russe. Ces dernières semaines on entendait
souvent des appels à l’accalmie et à la baisse graduelle des sanctions,
le sujet des relations avec la Russie a été inscrit à l’ordre du jour du
Conseil européen prévu pour le 25 juin. Avec la publication de la liste
des personnalités européennes interdites d’entrée en Russie, dont de
nombreux députés européens, la teneur des discussions risque d’être
différente.
01.06.15
Bruno Le Roux, Président du groupe
Socialiste à l'Assemblée nationale, Henri Malosse, président du Comité
économique et social européen (un organe consultatif de l'Union
européenne), Bernard-Henri Lévy et Daniel Cohn-Bendit sont les quatre
Français sur la liste des personnalités européennes interdites d’entrée
en Russie. Cette liste vient d’être établie par le Kremlin pour se
venger des sanctions qui frappent la Russie après son agression de
l’Ukraine. Elle contient pêle-mêle 89 noms d’hommes et de femmes
politiques britanniques, allemands, suédois, espagnols, danois, belges,
néerlandais, grecques, polonais, tchèques, estoniens, roumains etc.
Karl-Georg Wellmann, député CDU du Bundestag allemand en charge de la
Russie dans son groupe politique, a été le premier à faire les frais de
cette liste des personnes interdites d’entrée en Russie. Arrivé à Moscou
le 24 mai pour un rendez-vous avec un conseiller de Poutine, le député a
été refoulé à l’aéroport de Cheremetièvo.
Sous la pression de l’Allemagne suite à cet incident, le Kremlin a fini
par communiquer la liste des personnalités européennes interdites
d’entrée aux représentations diplomatiques. Elle a été publiée sur le
site de la télévision finlandaise Yle .« Russophone, pas russophobe !
Plutôt fier de figurer sur la liste des personnalités politiques 'non
grata' en Russie après la Chine », a réagi Henri Malosse sur Tweeter.
Les représailles de Poutine ne frappent pas à l’aveugle puisque Marine
Le Pen a été reçue en grande pompe par Serguei Naryshkine, président de
la Douma russe, le 26 mai dernier. Le Front National a obtenu un
important financement par une banque russe dernièrement.
30.05.15