Combien coûte l’embargo alimentaire de Poutine ? Les économistes de la très révérencieuse Académie russe de l’économie nationale et du service public auprès du président de la Russie se sont penchés sur les bénéfices et les pertes pour les Russes du fait des hausses de prix induites par cet embargo. Leur conclusion : il coûte 84 euros par an et par personne en âge de travailler, soit 17% d’un salaire médian.
Cet embargo a été proclamé par Poutine en août 2014 « en représailles » suite aux sanctions économiques imposées à la Russie par une trentaine de pays occidentaux après l’attaque de l’armée russe contre l’Ukraine en Crimée et dans le Donbass. Il vise aujourd’hui 37 pays dons l’ensemble de l’UE tout comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et quelques autres. Il n’interdit pas les importations de tous les produits alimentaires mais essentiellement ceux nécessaires à la consommation courante des Russes : fruits et légumes, produits laitiers, viandes et charcuteries, poisson. Les produits destinés à la consommation des classes aisées, par exemple les vins français, sont toujours les bienvenus à la table des dirigeants russes.
La part des produits importés dans la consommation des Russes s’élevait à 8% pour la volaille, 13% pour la viande de porc et autant pour le poisson, 30% pour les fromages. Sur toutes ces gammes, les produits manquants ont été en partie remplacés par des importations des pays hors du périmètre de l’embargo, par des re-exportations des produits provenant des pays sous embargo à travers des pays hors embargo, le plus souvent la Biélorussie et la Serbie, et par l’augmentation de la production locale. Tous ces canaux ont en commun des coûts plus élevés et des prix de détail très supérieurs à ceux des produits importés avant l’embargo alimentaire de Poutine. Les prix dans le commerce ont augmenté dans une fourchette entre 11% et 23% selon les produits dans les dix-huit mois suivant la mise en place de l’embargo, selon les estimations optimistes l’administration russe. Les analystes ont enregistré des hausses de prix allant de 20% à 50% sur les produits concernés. La hausse des prix a provoqué une baisse de consommation des produits concernés, elle a aussi poussé les ménages à réduire les achats non-alimentaires…