La nouvelle stratégie du Kremlin : « De bonnes nouvelles plutôt que de l’argent »

Kremlin a réservé le mois de juin aux annonces désagréables @lefilfrancorussPoutine veut compenser la baisse du pouvoir d’achat par de bonnes nouvelles, les sondages lui donnent tort, les Russes réduisent encore leur consommation.

Le Kremlin a trouvé la cause de la baisse de la consommation dans le pays. Si les Russes se montrent de plus en plus inquiets, s’ils boudent les magasins, ce n’est pas parce que leurs revenus réels disponibles ont chuté de plus de 8% depuis 2013 et continuent de baisser, ce n’est pas parce que plus de 80% des foyers déclarent éprouver des difficultés pour acheter des produits de première nécessité dans les enquêtes de Rosstat. Non, si les Russes ont le sentiment de manquer de tout, c’est surtout parce qu’ils manquent de bonnes nouvelles. Plusieurs membres de l’administration russe ont martelé ce constat, repris par la presse : le peuple de Russie vit une dépression collective qui lui fait voir les choses à travers un prisme pessimiste et qui l’empêche d’être heureux.
Le Kremlin annonce avoir trouvé la solution pour améliorer le bien-être de ses concitoyens : il faut les inonder de bonnes nouvelles susceptibles de leur remonter le moral. Parmi les mesures évoquées par l’administration, la célébration du 74ème anniversaire de la Deuxième guerre mondiale était censée redonner de la joie à la population en mai. La distribution des médailles à cette occasion, couverte par les chaines de télévision, devait devenir une forte source de bonne humeur, selon les membres de l’équipe du Kremlin cités par Commersant. Enfin les messages du président Poutine expliquant aux Russes que leur niveau de vie s’améliore tous les jours, doivent aussi remotiver les consommateurs.
Pourtant, ces mesures n’ont pas l’air de convaincre les Russes jusque là, comme le constate le cabinet de sondages Vtsiom. Seuls 30,5% des Russes font désormais confiance au président Poutine selon une enquête hebdomadaire du cabinet réalisée fin mai et très commentée dans le pays. C’est le niveau de confiance le plus bas depuis les premières enquêtes en 2006.

Poutine veut compenser la baisse du pouvoir d’achat @lefilfrancoruss
Valery Fedorov

Edinaya Rossia, le parti de Poutine qui garde le pouvoir depuis 16 ans, était crédité de 34,5% des opinions favorables dans les sondages un peu plus tôt en mai. Le parti était encore à 49,3% en mai 2018.

« La popularité de Poutine est en baisse parce que les Russes ne croient plus les promesses d’une future hausse de leurs revenus », expliquait Valery Fedorov, directeur de Vtsiom. « Depuis 2016 l’administration explique que le pic de la crise est derrière nous. Alors les Russes ne comprennent plus pourquoi leurs revenus n’augmentent plus depuis cinq ans. Leurs attentes d’une amélioration du niveau de vie, du niveau de la médecine et de l’enseignement, ont été trahies ».
Apprenant ce résultat, le Kremlin a ouvertement menacé Vtsiom…

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